N-31
Tenez vous informés des publications de nouveaux articles grâce au RSS
RSS

Voter (ou non) dans une société imparfaite

Parution : Lecture : 4 minutes

Ce que "voter" signifie vraiment

Contrairement à ce qu'on entend trop souvent, le vote ne fait absolument pas la démocratie. Il ne s'agit que d'un système de sélection partial et volontairement inefficace. Tout particulièrement en France, avec le système uninominal à 2 tours.

Face à ce problème, on a 2 choix tout autant défendables :

  1. revendiquer son refus d'abdiquer son pouvoir politique, par l'abstention ACTIVE (ne pas voter pour mieux participer ailleurs)
  2. voter, en acceptant les limites du pouvoir que cela nous confère

Voter revient donc à considérer que, bien qu'il s'agisse d'une solution plus qu'imparfaite, le résultat d'une abstention pourrait être pire que celui de la participation.

D'autant plus quand le système de vote est extrêmement biaisé, ce qui est bien le cas avec le vote uninominal à deux tours (et même avec la "proportionnelle").

On ne nous donne pas le luxe de faire le bon choix. Juste de prendre le moins mauvais (quitte à se boucher le nez).

Ce que cela implique en cas d'union de la gauche

Partons du principe que la NUPES reste en place.

Si aucune option ne semble acceptable du fait du comportement de certains de ses membres, on peut très bien décider de ne pas participer au vote, du moment qu'on en combat activement le résultat, quel qu'il soit.

Cela revient à considérer que tous les choix sont équivalents.

Point de vue difficilement défendable il me semble quand on voit le résultat concret des dernières élections.

Du point de vue de la cause féministe (et de toute autre cause), il faut voir quel serait le choix le moins dommageable.

Alors oui, effectivement, voter est douloureux dans ce contexte. Car il s'agit bien d'abdiquer une partie de son pouvoir politique.

Mais si vous considérez, avec le recul, que le choix d'un vote NUPES ou LFI serait ne serait-ce qu'infimement moins dommageable que toute autre alternative, alors même si cela vous donne envie de vomir, c'est le seul choix rationnel à votre disposition.

Si un meilleur choix devait se présenter (et je l'espère vivement), mon vote ira évidemment à cet·te autre candidat·e ou parti.

S'il n'y a que des candidats masculinistes, réacs, etc. dans une élection particulière, alors je m'abstiendrai.

Voir au-delà du vote

Heureusement, la politique ne se limite pas au vote. Nous pouvons et avons le devoir (si on considère que les élections ont un sens) de peser sur les organisations politiques pour avoir de meilleurs choix. Tout rejeter en bloc, ne rien faire, n'est pas une option.

Petite précision pour conclure : je ne suis par exemple pas allé voter au second tour de la présidentielle 2022. Pas parce que je considérais que les 2 choix étaient équivalents. Mais parce que je considérais que ce 3ᵉ choix correspondait mieux à mes idées.

Parce que je considérais que voter pour Macron ne ferait que renforcer son pouvoir s'il était élu, et que je ne pourrai évidemment jamais voter pour l'ED. Ce faisant, j'ai accepté la possibilité que MLP soit élue. Que je devrais combattre le résultat, quel qu’il soit.

Si ce choix vous choque, alors vous n'êtes pas prêt·e à ne pas voter pour un parti qui comprenne dans ses rangs des mascus et des réacs. Car ils en ont TOUS.

Si ce choix ne vous choque pas, alors peut-être pouvez vous décider de vous abstenir lors d'une prochaine élection.

Mais si vous considérez que vous devez voter, alors vous ne pouvez rationnellement décider d'attribuer votre bulletin à une option qui est objectivement globalement pire (LREM, LR, RN, "universalistes", etc.) que la NUPES par "protestation".

Un dernier argument, posté par Clément Sénéchal sur Twitter le 13 février :

« Après 1 mois seulement de présidence Lula au Brésil, la déforestation a chuté de 61% en Amazonie.

Pour toutes celles et ceux qui pensent que les élections sont vaines dans la lutte écologique.

Source : Deforestation in Brazil's Amazon falls in first month under Lula. »

Pensez-y la prochaine fois que vous considérez de ne pas voter car la ou le candidat·e ou parti ne vous correspond pas exactement sur tous les points.

Parce que bon ... Lula c'est pas exactement mon BFF non plus hein, soyons clair. Mais face à un Macron ou Le Pen, je n'aurais pas hésité longtemps a priori.

Conclusion

Bref... ceci était une brève improvisée et pas mal alambiquée, car le sujet est vraiment très complexe.

Si vous voulez en savoir plus sur ce que je considère comme devant être l'avenir de nos mouvements, allez voir une synthèse de toutes nos luttes.

Comme j'en ai déjà pas mal dit dans ces deux autres brèves, je n'ai pas vraiment de conclusion à vous donner 😅

Je ne prétends pas détenir la vérité absolue, ni que mon point du vu sur le sujet est définitif.

Contexte

Cette brève faisait initialement suite à des propos totalement délirants de Mélenchon tenus le 10 février 2023 sur BFMTV dans l'émission "face à BFM", suite à une question sur l'affaire Quatennens.

Voici le passage en question (tel que publié sur Twitter) qui, suite aux réactions qu'il a suscitées sur les réseaux sociaux, m'a amené à écrire cette brève. Personnellement, ces propos totalement démagogiques me débectent (comme souvent avec la grande majorité des personnalités politiques carriéristes d'ailleurs). Je ne vais pas perdre mon temps à analyser sa rhétorique. D'autres l'ont déjà fait pour ce type discours qui n'a rien de nouveau.

Je ne vous invite même pas à vous infliger cet extrait. Malheureusement, on ne peut vraiment pas dire que l'affaire Quatennens ait été depuis bien gérée à LFI.

Le comportement de Mélenchon et d'une partie de LFI face à Quatennens, au féminisme et aux VSS, est une faute politique grave qui aurait due être rapidement corrigée.

Malgré tout, dire "je ne voterai plus jamais pour ce parti ou ses alliés" me semble relever d'une analyse incomplète de la réalité (cruelle et cynique) de notre système électoral.

Commentaires

Aucun commentaire pour l'instant

Participez à la conversation